Edge of Tomorrow, de Doug Liman

Voir un film plusieurs fois, c’est parfois un moyen de mieux l’apprécier. C’est ce que j’ai ressenti en revoyant hier Edge of Tomorrow, sorti l’été dernier, et dont le premier visionnage m’avait déçu au point de renoncer à en faire une critique.

Mais finalement le long-métrage de Doug Liman mérite qu’on s’y arrête, d’autant que le réalisateur avait montré qu’il maitrisait aussi bien les codes du film d’espionnage avec La mémoire dans la peau (2001) et Fair Game(2007) que ceux de la comédie avec Mr and Ms Smith (2005). Alors pourquoi pas la SF ?

Edge of Tomorrow est l’adaptation d’une nouvelle, All You Need Is Kill, du japonais Hiroshi Sakurazaka. L’action se situe dans un futur proche, après l’invasion de l’Europe continentale par une race extra-terrestre, les Mimics. Une zone allant de la France à la Biélorussie est occupée et les populations locales exterminées.

L’humanité a réagi en formant une coalition militaire mondiale, l’UDF (United Defense Force), qui jusqu’ici a dû reculer face aux envahisseurs. Mais ses dirigeants croient avoir trouvé la parade : équiper leurs soldats d’un exosquelette qui amplifie considérablement leur force et leur rapidité. Une combattante, Rita Vrataski (Emily Blunt), en a en effet démontré l’efficacité avec un prototype. En Grande-Bretagne, l’UDF prépare alors un remake de l’opération Overlord de 1944, baptisée ici Downfall, et qui consiste à libérer l’Europe via un débarquement en Normandie.

Peu avant le jour J, le major William Cage (Tom Cruise) de l’armée américaine est convoqué par le général Brigham (Brendan Gleeson), anglais à la tête de l’UDF. Cage est chargé des relations publiques et apparait notamment dans des spots télévisés destinés au recrutement des soldats. Brigham lui apprend qu’il participera à l’opération Downfall comme simple soldat. Cage refuse, fait du chantage au général, puis tente de s’échapper. Il est arrêté et anesthésié par la sécurité.

Cage se réveille, menotté, à l’aéroport de Heathrow, transformé en base militaire. Il est intégré à une escouade de durs à cuire et équipé de l’exosquelette, dont il ignore le fonctionnement. Parachutés sur la plage normande, les militaires sont surpris par la présence massive et imprévue des Mimics. Cage est les autres sont massacrés.

Le major se « réveille » à nouveau, encore à Heathrow, et découvre qu’il a non seulement ressuscité, mais que le temps est revenu en arrière : il peut recommencer indéfiniment cette séquence de sa vie, qui ne s’arrête que s’il est tué. A force d’essais, il améliore peu à peu ses performances sur le champ de bataille, jusqu’à ce qu’il entre en contact avec Rita, qui lui demande de venir la voir après sa prochaine « mort ».

A son « réveil », connaissant par cœur les évènements, Cage fausse compagnie à son escouade et retrouve Rita. Elle lui explique que les Mimics peuvent manipuler le temps afin de voir l’avenir, et qu’il a été accidentellement doté de cette faculté. Il va devoir s’en servir lui-aussi, sinon la victoire des aliens, qui savent à l’avance ce que les humains préparent, est inéluctable.

Edge of Tomorrow m’avait déçu la première fois pour son côté blockbuster au scénario déjà vu. Pourtant l’histoire se révèle mieux quand on s’y replonge : William Cage est prisonnier d’une « boucle temporelle » qu’il doit revivre autant de fois que nécessaire pour en trouver la sortie. Dans la première moitié du film, les heures précédant la mort de l’officier se répètent, un procédé un peu lassant, comme si le réalisateur faisait du remplissage.

Mais Doug Liman revient ensuite à une narration traditionnelle et nous entraine dans une France dévastée à la poursuite de l’Oméga, le « cerveau » des aliens, ce qui donne lieu à quelques scènes d’action de bonne facture.

Une question sur la cohérence du scénario : si Cage décède et revit plusieurs fois, qu’en est-il des personnages rencontrés à chaque vie ? Leur univers propre disparait-il ? Lorsque Cage se blesse grièvement à l’entrainement, Rita le tue pour lui permettre de recommencer. Mais elle-même, que devient-elle ? Bref on a ici un paradoxe temporel non expliqué.

Aussi permanent que son personnage, Tom Cruise, vu en 2013 dans Oblivion, parait bien moins que ses 52 ans, comme si le temps n’avait pas prise sur lui. Au contraire, le personnage d’Emily Blunt, quoique très sexy, est peu crédible et trop politiquement correct.

Les Mimics, eux, sont présentés comme une intelligence collective, ce qui évite d’avoir à leur donner une personnalité individuelle. Visuellement ils ne sont pas très originaux, mais reconnaissons que le cinéma nous a tellement montré d’aliens qu’il est difficile de faire du neuf dans ce domaine.

Edge of Tomorrow, c’est donc le film hollywoodien standard, sans surprise, qui mise sur des têtes connues et prend finalement peu de risques. A voir une seconde fois si la première a semblée trop obscure.

Ma note : 3 sur 5 (après deux visionnages)